01 – Le 24 février 1946 — Dimanche de Sexagésime : Ne jamais avoir l’orgueil de dire la parole démonique : « Je suis ». Seul Dieu est. | Le Livre d’Azarias — Maria Valtorta

11 h.

Saint Azarias, mon ange gardien, dont le nom signifie Dieu secourt, me dit :

« Viens, écoutons la sainte messe. La liturgie d’aujourd’hui, bien que s’adressant à tous, s’adresse en particulier à vous, qui êtes les instruments extraordinaires de dieu.

Tandis que chantent les hommes sur la terre et les anges dans le ciel, contemplons les enseignements de la sainte messe d’aujourd’hui en vous les appliquant.

Tu entends ?

“ o dieu, qui vois comment nous ne mettons notre confiance en aucun de nos actes, accorde-nous d’être défendus contre toute adversité par la protection du docteur des Gentils. ”

Voilà : l’humilité est une des vertus essentielles chez les instruments extraordinaires, portés plus que tout autre, à cause de ce qu’ils sont, à tomber dans le péché d’orgueil en confondant la source et l’estuaire. Ce n’est pas de son estuaire qu’un fleuve doit tirer sa gloire ou auquel il doit montrer de la reconnaissance, mais de sa source, ne te semble-t-il pas ? Sans elle, qui se donne sans tarir, le fleuve sècherait et il n’y aurait pas d’estuaire. Le fleuve doit donc reconnaître que c’est la source qu’il faut louer et remercier.

Dans l’esprit du juste, et en particulier chez l’instrument extraordinaire, il doit toujours y avoir la reconnaissance qu’il est un estuaire parce que dieu est sa source. Donc, il ne doit jamais avoir l’orgueil de dire la parole démoniaque : “ Je suis ”, qui est la cause de tout mal, toujours.

Seul dieu est.

Lui seul peut dire :

“ Je suis. Je suis par moi- même. ”

Tous les autres n’existent que parce qu’il les fait exister. Par leur propre puissance ils ne sont rien et ne seraient rien. Jamais.

C’est pourquoi il ne faut jamais mettre votre confiance en vos actes, c’est une prudente et sainte habitude.

Si les actions de l’homme étaient faites par sa seule capacité, elles seraient toujours limitées et imparfaites au plus haut degré.

La connaissance de la Loi de dieu, la grâce, les sacrements et les sacramentaux augmentent la capacité de l’homme à faire des actions justes et saintes. Les dons gratuits de dieu font que ses actions atteignent l’extraordinaire, dépassant les facultés communes de l’homme et du croyant, pour accéder à des puissances au-delà de l’ordinaire. Mais l’homme ne doit pas s’en vanter. Il doit les recevoir d’une âme humble et obéissante et dans l’adoration, sans les exiger ni les détériorer en voulant les augmenter de volume, par les déchirures qu’y provoque le père du mensonge et de l’orgueil.

Or il les provoque avec un art sublime et un sourire tentateur.

Oh ! que l’instrument extraordinaire ne mette jamais de pauvres chiffons crasseux sur le métal précieux que dieu lui a donné, pour le faire apparaître plus grandiose ! Imaginez-vous un diamant, petit mais d’une eau très pure, enveloppé d’une couche de simple verre ? Il semblera plus gros. Mais le verre verdâtre, posé par couches sur la pierre précieuse, en atténuera le brillant et la fera ressembler à du verre commun.

La sincérité : être ce que l’on est et rien de plus. Toi, âme qui m’est confiée, tu sais combien de fois le tentateur séduit, en proposant de faire des comédies, d’ajouter du clinquant pour épater, pour paraître plus encore ! Le grand danger ! Seul celui qui sait résister et être ce que Dieu fait de lui, rien de plus, conserve le don et reste un instrument. Avec quels tremblements ne t’ai-je pas vue tentée chaque fois ! Et avec quelles louanges de gloire ai-je béni le seigneur et remercié la cour céleste de t’avoir aidée à résister, chaque fois que je t’ai vue sortir de l’épreuve, fatiguée, souffrante, mais plus mûre et victorieuse !

L’ange du seigneur est comme un jardinier qui soigne une plante précieuse. De la naissance à la maturité… Il veille sans cesse, dans la crainte des vents, du gel, des tempêtes, des parasites et des rongeurs. Sa paix complète d’ange, il la retrouve quand il remonte au ciel avec le fruit cueilli sur le rameau levé de terre, l’âme sauvée jusqu’à la fin. Il va alors retrouver ses frères avec une joie ardente et dit :

“ Mon âme est sauvée, elle est avec nous dans la paix ! Gloire, gloire, gloire au seigneur ! ”

Ayez donc une reconnaissance humble et constante de votre néant, et suppliez continuellement les bienheureux habitants des cieux de vous apporter leur aide. C’est la communion des saints invoquée pour venir en aide aux militants, et spécialement par ceux qui, en raison de leur condition particulière, sont plus exposés, c’est vrai, au soleil éternel, mais aussi aux tempêtes que déchaînent Satan et le monde. Les tempêtes se jettent sur les cimes isolées.

Le deuxième enseignement de la liturgie d’aujourd’hui, spécialement pour vous les instruments extraordinaires, se trouve dans la parole de Paul, le docteur des Gentils, qui,

“ enlevé jusqu’au troisième ciel… entendit des paroles inexprimables qu’il n’est pas permis à l’homme de redire. 2Co 12,2-4

Vous n’êtes pas enlevés au troisième ciel, mais vous entendez des paroles inexprimables, mystérieuses, qui vous sont données pour qu’elles soient données. Vous êtes donc de beaucoup inférieurs à Paul. Pourtant, vous entendez les paroles de celui qui mérita d’être enlevé si haut qu’il put entendre les secrets, les mystères de dieu ! Il confesse qu’un ange de Satan l’a frappé et, justifiant le Seigneur de l’avoir permis, il illustre les raisons de bonté pour lesquelles cet assaut satanique a été permis :

“ Afin que la grandeur des révélations ne me fasse pas m’enorgueillir, il a été mis une écharde dans ma chair, un ange de satan chargé de me gifler. ” 2 Co 12,7

Il reconnaît être encore un homme, c’est-à-dire sujet aux tentations sataniques. Il ne dit pas :

“ Moi qui suis allé au troisième ciel, je suis un séraphin intouchable. ” non.

Humblement, il dit être un homme circonvenu par satan, et il voit que cela sert à le garder humble malgré la grandeur de ce qu’il a reçu.

En outre, il vous enseigne le remède pour être délivrés :

“ Par trois fois, j’ai prié le seigneur de l’écarter de moi. ”

Il est bon de dire humblement :

“ ne m’induis pas en tentation, mais sauve-moi du Malin. Lc 11,4 

Le seigneur Jésus lui-même l’a dit, lui l’Innocent, le Fils de dieu. Toutes les créatures qui croient au dieu un et trine, saint, bon, Père des hommes doivent le dire. Vouloir agir seul pour repousser Satan n’est pas une bonne chose, c’est de la présomption. La présomption, c’est de l’orgueil. Or l’orgueil est maudit de dieu.

Invoquez, invoquez le seigneur béni, le Père, le Fils, l’Esprit saint, invoquez les célestes cours des saints et des anges. Contre la hargne de Satan les défenses ne sont jamais suffisantes. La Trinité bénie et tous les habitants des cieux ne demandent qu’à vous aider dans cette lutte sans trêve entre les puissances infernales et la partie inférieure d’une part, et la partie supérieure et les puissances célestes d’autre part. Pour le réconfort de vos douloureuses constatations d’impuissance à être intouchables de Satan qui, dans sa colère, vous fait violence précisément parce qu’il ne parvient pas à vous entraîner là où il le voudrait, écoutez la réponse du Seigneur à l’apôtre découragé par les gifles du Mal :

“ Ma grâce te suffit, parce que ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. ” 2 Co 12,9

Il ne faut pas prétendre à tout, âmes élues pour l’extraordinaire. Vous avez le Ciel. Vous devez supporter l’Abîme qu’on vous présente pour vous terroriser. Mais vous le savez maintenant : c’est pour que vous ne puissiez vous enorgueillir.

De cette manière, connaissant à quel point vous n’êtes rien, le monde sachant quel néant vous êtes et voyant que vous accomplissez des ministères supérieurs selon la doctrine que vous entendez pour la donner, vous vous refaçonnez en perfection ; alors la puissance de dieu qui vous secourt dans votre faiblesse donne toute sa mesure.

En avant donc, chères âmes qui savez faire pour vous grâce et sanctification de ces dons extraordinaires ! Chantez avec l’Apôtre :

“ Aussi mettrai-je ma fierté bien plutôt dans mes faiblesses afin que repose sur moi la puissance du Christ. ” 2 Co 12,9

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit ! Gloire à Jésus par qui tout a été fait ! Gloire dans l’éternité pour les œuvres merveilleuses de dieu ! »

Alors mon Azarias, qui a parlé avec une merveilleuse douceur, me salue d’un sourire et se tait…



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