07 – Le 07 avril 1946 : Dimanche de la Passion : Lโultime cri du Golgotha. | Le Livre d’Azarias โ Maria Valtorta
Il me rรฉveille d’un doux sommeil dans lequel je rรชvais que j’รฉtais sur un prรฉ d’herbe courte, nouvelle, d’un vert รฉmeraude, bornรฉ par un mur dรฉjร haut, et pour je ne sais quelle raison je disais :ย
ยซ Il le faut encore plus haut ยป et je spรฉcifiais : ยซ pour se dรฉfendre ยป; et en effet le mur s’รฉlevait jusqu’ร atteindre au moins cinq mรจtres. Vraiment infranchissable, si lisse et si haut… Je ne voyais que ce grand prรฉ, vierge de toute empreinte humaine, ce trรจs haut mur et, au-dessus, un ciel bondรฉ de petites รฉtoiles que l’aube approchante rendait toujours plus petites et pรขles. Celui qui me rรฉveille, c’est mon Seigneur qui m’appelle et me touche la tรชte. J’ouvre les yeux et je dis :
ยซ Me voici, mon Seigneur, je dormais… ยป, et je suis un peu confuse ร la pensรฉe que j’ai fait comme Pierre, Jacques et Jean qui ont un peu trop dormi aux heures les plus solennelles de leur Maรฎtre : au Thabor et ร Gethsรฉmani.
Mais Jรฉsus sourit et dit : ยซ Je veillais sur toi, ma douce victime qui te consumes par amour pour moi. Je suis venu te dire que je suis lร oรน une crรฉature souffre sa passion et que je lui parle par la bouche de tous les esprits cรฉlestes, par les figures de toute la liturgie, en plus de mon amour toujours plus fort et plus prรฉsent. Car je sais ce que c’est que la Passion, avec ses tenants et ses aboutissants. J’ai une compassion infinie pour qui la souffre pour mon amour et l’amour des รขmes.ย ย ย
Vos angoisses, รขmes victimes du monde et de l’amour, je les ai toutes รฉprouvรฉes. Jour aprรจs jour je te dรฉvoile ma Passion de Maรฎtre incompris, de ยซย Voixย ยป ridiculisรฉe, de Sauveur persรฉcutรฉ, et toi tu t’y retrouves dans ta mesure de crรฉature, comme tous ceux que j’ai choisis pour un service extraordinaire. Combien je fixais le regard sur le ‘but’, sur ce but lumineux, serein et glorieux de ma souffrance longue et multiforme ! Et je disais : ยซย Je dois passer par cette รฉtape douloureuse, pour atteindre l’autre, qui est glorieuseย ยป.ย ย ย ย ย ย ย
Il en va de mรชme pour vous : pour pouvoir avancer dans les ronces cruelles de votre chemin rempli de serpents et de piรจges, pour avancer avec tout votre poids sur les รฉpaules et atteindre le but : l’immolation, qui est aussi la rรฉalisation de votre but, c’est-ร -dire la co-rรฉdemption, vous devez toujours garder les yeux fixรฉs sur ce ยซย butย ยป, la charitรฉ parfaite pour les รขmes, qui s’accomplit par le sacrifice total de soi-mรชme.ย ย ย ย ย ย ย ย ย
Il n’y a pas d’amour plus grand que celui de qui donne sa propre vie pour ses frรจres et ses amis. Je l’ai dit et je l’ai fait. Maria, ma chรจre, ma douce Maria, ma violette qui te consumes pour moi, ton amour, et pour tes frรจres, et qui de moi seul, reรงois un rรฉel retour d’amour, ma consumรฉe, viens, avance… Marchons ensemble. Le monde et Satan pourront te haรฏr, mais pas au-delร de la limite que j’ai fixรฉe, รฉlevรฉe, insurmontable comme le mur que tu as vu en songe. Eux de l’autre cรดtรฉ, dans leur monde bruyant et chaotique, sale de toutes les concupiscences, semรฉ des hรฉrรฉsies les plus toxiques… et toi de ce cรดtรฉ-ci dans le dรฉsert de ce prรฉ qui n’est que sรฉrรฉnitรฉ et simple pauvretรฉ, fleuri d’herbes exemptes de toute corruption. Nous avons fait ce prรฉ, toi et moi ensemble. Moi par mes paroles, toi par tes obรฉissances. Vois-tu comme il est grand ? Quelle paix il exhale ! … Et en haut, la sรฉrรฉnitรฉ du ciel et les innombrables รฉtoiles qui t’attendent, ce sont tes amis du Ciel, ma douce รฉpouse.ย ย ย
Ma lumiรจre les fait paraรฎtre plus petits et plus pรขles. Mais quand je te quitte, ils me succรจdent avec leur lumiรจre paradisiaque et ils te rรฉconfortent. Seule, mais jamais seule, tu avances, jusqu’ร la fin. Puis, dans un rayon d’รฉtoile, de ton รtoile du matin, tu seras absorbรฉe, รขme consacrรฉe par la douleur, Maria consumรฉe pour ton Dieu et pour les รขmes ; que cela soit รฉcrit sur ta tombe, รด petite martyre, cela et rien de plus parmi tout ce qui te rappellera aux hommes ; tu seras absorbรฉe vers le lieu de l’รฉternelle Paix d’oรน tu rayonneras de lumiรจre sur les hommes.ย
Les pages que tu as รฉcrites en toute obรฉissance pour fixer mes Paroles sur le papier seront une lumiรจre d’amour et de vรฉritรฉ, les hommes bons se souviendront de toi comme d’une lumiรจre. Les hommes bons !… Mรชme en cela tu me ressembles, parce que rares furent les hommes de mon temps qui surent aimer et accueillir mon infinie lumiรจre. Les autres, les tรฉnรจbres, ne voulurent pas m’accueillir et restรจrent tรฉnรจbres. Pour ton rรฉconfort je te bรฉnis par tout mon amour de prรฉdilection, pour ton rรฉconfort, pour ton rรฉconfort ! ยปย ย
Je reste ainsi, รฉmue et bienheureuse… jusqu’ร ce que mon Azarias commence son explication.ย ย ย ย ย
Azarias dit :
ยซ Viens ร notre sainte messe des voix, ร ta sainte messe des passionnรฉs. Parle et prie avec le Christ, comme le Christ. Tourne-toi vers le Pรจre avec les paroles du Fils que le Saint-Esprit mโaccorde dโexpliquer.
ยซย Sois mon juge, รด dieu.ย ยป
Seuls ceux qui ont le cลur droit peuvent parler ainsi, dans lโintimitรฉ de leur conscience. Car, sโil est facile de flatter les hommes, en prenant dieu ร tรฉmoin โ et nous ne comprenons pas, nous les anges, comment lโon peut faire une telle chose sans trembler de peur, ou plutรดt nous ne le comprenons quโen mesurant combien Satan fait dรฉchoir lโhomme et le rend satanique au point de lui donner la force dโoser invoquer dieu sans craindre ses propres mauvaises actions โ, si donc il est facile de tromper les hommes par cette invocation, qui est sacrilรจge dans certaines bouches, il nโest pas facile, il nโest pas possible de le faire quand le colloque est intime, avec pour seul tรฉmoin lโange gardien.
Oh ! Lโhomme coupable et impรฉnitent nโose pas invoquer dieu, ร moins quโil ne retire un certain rรฉconfort de la prรฉsence dโautres qui lui sont semblables ! Mรชme le plus rompu ร tous les dรฉlits, au mensonge, au sacrilรจge, mรชme un homme qui, si le seigneur Jรฉsus revenait sur terre, serait capable de le clouer de nouveau sur le bois, parce que Satan lui montrerait le Christ comme un simple homme et lui ferait considรฉrer comme une bagatelle lโassassinat dโun homme, mรชme celui-lร nโose pas, quand il est seul avec lui-mรชme, devant sa propre conscience et devant lโinfini mystรจre de Dieu, dire impudemment :
ยซย Sois mon juge, รด dieu.ย ยป
Les coupables, depuis Adam et Eve, ne savent que fuir, ou tenter de fuir la Face de dieu. Mรชme celui qui nie quโil y a un dieu : par une rรฉflexion imprรฉvue, sโil admet le temps dโun รฉclair que lโexistence de dieu est aussi possible, il ne fait que fuirโฆ pour oublier cette existence. Cโest ainsi quโagissent lโassassin, le voleur, le corrupteur, tous les coupables, et ils le font dโautant plus que leur faute est grande, dโautant plus quโelle est frรฉquente. Ils parviennent mรชme ร commettre de nouvelles fautes pour sโรฉtourdir avec la pseudo-certitude que dieu nโexiste pas puisquโil les laisse faire. Le fait de pouvoir tuer, exercer des sรฉvices, voler, usurper, est pour eux la preuve quโils sont des ยซย surhommesย ยป, des ยซย dieuย ยป, et que personne nโest au-dessus dโeux. Les pรฉchรฉs rรฉpรฉtรฉs et toujours plus graves des grands pรฉcheurs sโexpliquent justement par cette raison quโils veulent se dire quโils sont des โ dieuxโ, que dieu nโexiste pas, quโil nโy a ni seconde vie ni jugement ni chรขtiment, que chacun est libre de faire ce qui lui est utile, quoi quโil en coรปte et par quelque moyen que ce soit.
Mais seuls face ร lโunique ils ne tiennent pas, ils fuient. Coupables devant le Juge, ils ne savent pas se dresser et sโรฉcrier : ยซย sois mon juge, รด dieu.ย ยป bien quโils nient dieu et sโen moquent, ils en ont une peur instinctive comme le fauve ร lโรฉgard de lโhomme, quand celui-ci avance courageusement contre la bรชte, avec audace et habiletรฉ ร manier une arme ; ils ont cette peur instinctive et enragรฉe des fauves envers le dompteur dont ils craignent la punition et ressentent la puissance. Ils cherchent ร dรฉtruire lโidรฉe de dieu par un subtil coup de griffes, mais ils ne font que la contourner ; ils ne savent ni ne peuvent lโaffronter de face. Elle est trop haute, cette idรฉe, il est trop puissant, ce dieu ! โฆ Il les foudroie, les รฉcrase comme des pygmรฉes sur lesquels tombe un rocher de marbre, comme des vermisseaux sous les pieds du gรฉant. Alors ils fuientโฆ
Seules les รขmes honnรชtes peuvent sโรฉcrier : โ sois mon juge, รด dieu.โ Lโhonnรชtetรฉ a de nombreuses figures. Il nโy a pas que lโhonnรชtetรฉ matรฉrielle relative ร lโargent, aux poids et mesures, au respect des fruits, des rรฉcoltes, des biens dโautrui ; il nโy a pas que lโhonnรชtetรฉ morale relative ร la bonne rรฉputation, ร la sincรฉritรฉ, ร lโamitiรฉ, au respect de la femme ou de la position de lโautre. Mais il y a aussi lโhonnรชtetรฉ spirituelle, cโest-ร -dire paraรฎtre en vรฉritรฉ ce que lโon est spirituellement, et pas un atome de plus.
Dans ton cas, dans votre cas, instruments extraordinaires, cโest vraiment et principalement de cette honnรชtetรฉ quโil est question.
Mรชme ceux qui sont, en apparence seulement, chrรฉtiens et catholiques sont spirituellement malhonnรชtes. sโil leur รฉtait possible de revenir vingt siรจcles en arriรจre, ils seraient de parfaits exemples de pharisiens, cโest-ร -dire quโils nโont que lโapparence du respect dรป ร dieu, ร sa Loi et ร la sainte Eglise romaine catholique et apostolique, alors quโen rรฉalitรฉ, sortis de la scรจne et retournรฉs ร leur demeures, ร leur commerces, ร leurs devoirs ou ร leurs occupations, ils sont tout ร fait antichrรฉtiens et mรฉprisent tous les articles et prรฉceptes du christianisme, en commenรงant par celui de lโamour de dieu, des parents, des subordonnรฉs, du prochain. Selon leurs actes mensongers, ils seront jugรฉs et rรฉtribuรฉs comme des malhonnรชtes par le Juge qui est plein de pitiรฉ pour les fautes involontaires, mais inexorable pour les impรฉnitents vouรฉs aux hypocrisies calculรฉes.
Mais vous, les โ voix โ, les instruments extraordinaires, vous devez exercer lโhonnรชtetรฉ des honnรชtetรฉs : celle de ne rien ajouter au trรฉsor, de ne rien dilapider du trรฉsor, et de toujours reconnaรฎtre que ce nโest pas votre ลuvre, mais que cโest lโลuvre de Dieu.
รtre ร genoux, toujours, les bras tendus pour recevoir, pour soutenir le poids qui vous est donnรฉ et que vous devez tenir รฉlevรฉ dans une offrande continuelle au Trรจs-Haut qui en est lโauteur. Souvenez-vous : ce que vous recevez doit รชtre offert ร celui qui vous le donne, tout comme dans la Loi antique on offrait en sacrifice ce que Dieu avait donnรฉ :ย les agneaux, les bรฉliers, les rayons de miel, lโhuile, les รฉpis de blรฉ, toutes choses qui existaient parce quโil les avait crรฉรฉes. De mรชme, dans la nouvelle Loi, on offre des sacrifices. Mais avec quoi ? Avec le corps et le sang de celui que le Pรจre vous a donnรฉ : lโAgneau trรจs saint qui enlรจve les pรฉchรฉs du monde. Il doit รชtre offert avec les honneurs qui conviennent ร une chose sacrรฉe, cโest-ร -dire avec des mains pures, des vรชtements purs, sur un drap prรฉcieux, sur une prรฉcieuse patรจne.
Quels sont-ils ? Votre vie purifiรฉe, votre esprit qui doit se faire jour aprรจs jour plus prรฉcieux de vertus, votre cลur immolรฉ avec lโImmolรฉ.
Oh ! bรฉnis ! ne pleurez pas dans votre souffrance ! ne pleure pas, Maria chรฉrie du seigneur, dans ta souffrance ! Cโest cela qui te rend chรจre : ta souffrance.
รcoute : quโest-ce qui a eu de la valeur aux yeux de dieu ? Ta naissance ? Ta culture ? Ta position sociale ? rien de cela. Quโรฉtais-tu, tant que tu รฉtais uniquement Maria, la fille de Giuseppe et dโIside, รฉduquรฉe comme une fille de famille aisรฉe ? Tu รฉtais une รขme commune comme il y en a des millions parmi les chrรฉtiens fidรจles. Sur ton autel il nโy avait quโun seul ornement. Sais-tu lequel ? Ton amour pour Jรฉsus souffrant. Le reste รฉtait ni plus ni moins celui de la grande masse des catholiques, le strict minimum pour ne pas รชtre au nombre des grands pรฉcheurs.
Puis la souffrance tโa portรฉe ร lโamour de la souffrance. Tu as compris, grรขce ร ton amour relatif et ร lโamour infini de dieu pour toi, ce quโest la douleur de dieu et comment on la consoleโฆ Tu tโes faite hostie, et dieu tโa accueillie comme hostie.
La souffrance ! Cโest ta gloire.
Mon รขme chรฉrie, tu croyais peut-รชtre que la chair seule รฉtait destinรฉe ร รชtre consumรฉe ? Tout au plus allais-tu jusquโร envisager les possibilitรฉs de souffrir moralement ? non, Maria. Quand un incendie envahit une maison, celle-ci brรปle du sous-sol jusquโen haut du toit, nโest-ce pas ? Le Feu du Ciel est descendu sur toi, non pour te punir mais pour tโabsorber en lui-mรชme. Il a tout pris de toi. Tout sโest changรฉ en douleur. Ton chrรชme. Vois : mรชme cette joie bรฉatifique dโentendre parler le seigneur Jรฉsus est une douleur.
Les superficiels diront :
โ On ne peut connaรฎtre la douleur quand on jouit de lโunion avec dieu ! โ
Le Verbe incarnรฉ ne connut-il pas une continuelle douleur quand il รฉtait Jรฉsus de Nazareth ? Pourtant, lโheure de la rigueur suprรชme et de lโimmolation totale exceptรฉe, il รฉtait uni au Pรจre et ร lโEsprit ! Celle qui est pleine de grรขce et sans tache ne connut-elle pas la souffrance comme fidรจle compagne dans sa vie dโorpheline, dโรฉpouse, de mรจre, de reine des apรดtres ? Pourtant, elle ne mรฉritait pas la souffrance, รฉtant sans faute et si parfaitement unie ร dieu, au point de lโavoir pour รpoux, pour Fils et pour Pรจre.
Mon รขme chรฉrie, ne pleure pas ! rรฉjouis-toi donc de ce que tout en toi porte le chrรชme de la douleur: cela conforme ta vie ร celles du trรจs saint seigneur Jรฉsus et de la trรจs sainte Vierge Marie. Aie confiance dans le Seigneur. Tu peux lโappeler et dire : ยซย sois mon juge, รด dieu !ย ยป
Comme il doit vous รชtre doux, รด crรฉatures de la terre, de pouvoir dire : ยซย sois mon jugeย ยป ร dieu votre Pรจre ! Cette parole est vraiment pleine de confiance filiale, tout comme le fait de vous rรฉfugier contre votre dieu, que vous ne craignez pas parce que la bonne conscience vous assure de ne lโavoir pas offensรฉ. Mettez-vous sous sa puissante protection qui vous dรฉfend โ contre le monde profaneโ et vous libรจre de โ lโhomme inique et trompeur โ parce que dieu est votre force. Combien dโhumilitรฉ, dโamour, combien de sรฉcuritรฉ et de paix dans ce filial recours qui tรฉmoigne que vous savez รชtre un ยซย rienย ยป aimรฉ et justifiรฉ par le Tout.
Mais oui ! Il ne faut pas pleurer ! Lui, ton dieu, fera resplendir sa lumiรจre et sa vรฉritรฉ. Pas seulement sur toi : cela, il le fait tellement quโil te parle comme ร sa disciple de prรฉdilection. Mais aussi sur la vรฉritรฉ de ta mission. Tu lโas entendu dans les premiรจres heures du jour, dans sa lumineuse promesse :
โ Les hommes bons se souviendront de toi comme dโune lumiรจre. โ
sโils se souviennent de toi comme dโune lumiรจre, cโest signe que tu es dans la lumiรจre. Ceux qui ne sont pas bons ne croiront pas. Cela servira ร te rendre plus semblable au Verbe que les tรฉnรจbres nโont pas voulu reconnaรฎtre.
Pourquoi te prรฉoccuper ? souviens-toi de ces paroles de Jรฉsus :
ยซย Par leur incrรฉdulitรฉ ils accumulent les pierres avec lesquelles ils seront lapidรฉs.ย ยป
Toi, avance sur ta voie. Va sans dรฉtour sur la montagne de dieu, vers les tabernacles รฉternels dont parle le psaume de lโintroรฏt.
Prions :
ยซย Nous te supplions, Dieu tout-puissant, de regarder ta famille, afin quโelle soit gouvernรฉe par ta grรขce dans son corps et protรฉgรฉe dans son รขmeย ยป,
et cela par les mรฉrites de ton Verbe bรฉni, incarnรฉ et mort pour les hommes.
ยซย Ta familleย ยป ! Tous les fidรจles sont la famille de Dieu.
Mais, dans toute famille, il y a les prรฉfรฉrรฉs, les plus proches du chef de famille. Dans cette famille de fidรจles, cโest vous qui รชtes les prรฉfรฉrรฉes, รขmes victimes et appelรฉes ร un destin extraordinaire. Dieu ne dรฉcevra pas cette priรจre ; comme Pรจre il te protรฉgera parce que, Paul le dit, tu appartiens ร la part รฉlue que Jรฉsus a rachetรฉe par son sacrifice.
Lisons Paul et mรฉditons-le. Comment Jรฉsus Christ, venu comme grand-prรชtre des biens futurs, entra-t-il une fois pour toutes dans le sanctuaire ?
Les anciens israรฉlites, dans leur grande majoritรฉ et โ ce qui est doublement coupable, justement dans la majoritรฉ cultivรฉe โ nโont pas compris comment le Christ รฉtait le grand-prรชtre รฉternel, ni en quoi auraient consistรฉ son rรจgne et son sacerdoce. Ils le haรฏrent par leur peur non fondรฉe, venue dโune foi dรฉnaturรฉe, avilie en matรฉrialitรฉ : la peur dโรชtre dรฉpouillรฉs de leurs prรฉrogatives de puissance.
Or Jรฉsus nโavait pas de visรฉes humaines. Il ne tendait pas les mains vers la tiare ni vers la couronne. Il ne tendait les mains que pour recueillir les fils de son Pรจre, avilis, devenus misรฉrables, bรขtards, malades, blessรฉs, dispersรฉsโฆ afin de les guรฉrir, les instruire, les guider, les consacrer de nouveau dans leur dignitรฉ de fils du Pรจre. Pour y parvenir, Jรฉsus nโutilisa pas les moyens et lieux communs, โ mais franchissant un tabernacle plus grand et plus parfait qui nโest pas fait par des mains humainesโ, cโest-ร -dire : se servant de sa nature divine et toute-puissante pour racheter la faute, impossible ร racheter dโune autre maniรจre, il se rรฉduit ร la condition dโhomme, restreignant dans la tente mortelle de la chair le saint des saints quโil รฉtait, pour sโimmoler lui-mรชme ร la place des boucs et des veaux, et, par son sang versรฉ pour la rรฉdemption des hommes, pouvoir entrer ร la tรชte des rachetรฉs dans le sanctuaire รฉternel une fois pour toujours.
Voici comment vous avez รฉtรฉ rachetรฉs par celui dont lโรglise raconte en ces jours-lร trรจs sainte รฉpopรฉe, qui sโest terminรฉe par lโultime cri du Golgotha. Voici ce par quoi ta conscience fut prรฉparรฉe ร la puretรฉ nรฉcessaire pour recevoir ses Paroles, et ton esprit ร accomplir les ลuvres de vie que dieu juge bonnes pour les hommes. Sans son sang, sans son immolation accomplie par lโEsprit saint, cโest-ร -dire par lโAmour, tu nโaurais pu servir le dieu vivant ni sur terre, ni au ciel.
A cause mรชme de ce que tu lui coรปtes, ne doutes pas de son amour. Par la puissance de cet amour, qui lโa poussรฉ ร mourir pour te rendre digne de lโรฉcouter et de le comprendre, nโaie aucun doute sur sa misรฉricorde. Comme grand-prรชtre รฉternel, il peut bien introduire dans le sanctuaire ceux quโil รฉlit.
Cโest cela, la nouvelle alliance. Ce nโest plus la volontรฉ des hommes, lโargent, les conspirations, les amitiรฉs entre castes sociales qui se haรฏssent et pourtant se soutiennent pour nuire aux รฉlus solitaires, et usurpent, en prรฉvaricateurs quโils sont, la place des dรฉsignรฉs de dieu ; mais cโest Dieu lui-mรชme qui รฉlit ses instruments, et ces appelรฉs reรงoivent, par la promesse de Jรฉsus-Christ et par son immolation, lโhรฉritage รฉternel.
Courage ! ne pleure pas, รขme-hostie. Ou plutรดt pleure avec le Christ qui prit de la nature humaine mรชme la faiblesse et lโamertume des larmes, inconnues au ciel.
Tu lโas vu verser des larmes et du sangโฆ le premier masque sanglant de sa face bรฉnie est bien venu par sa douleur. La couronne dโรฉpines, les lacรฉrations sanglantes de la flagellation ne firent que maintenir ce masque sur ce visage que dรฉsormais les hommes ne mรฉritaient plus de voir dans la perfection de sa beautรฉ pacifique. Conforme-toi, conforme-toi ร ton Maรฎtre. Il est ton Maรฎtre en doctrine et ton Maรฎtre en immolation.
Il a lui aussi rรฉpandu ses ultimes pleurs de crรฉature humaine, รฉcrasรฉ quโil รฉtait contre la pierre de Gethsรฉmani, oppressรฉ par toute la douleur du monde, par toute la rigueur du ciel. Sa chair a gรฉmi alors sa derniรจre plainte contre les derniers spasmes imminents. โ seigneur, sโil est possible, que ce calice passe loin de moi ! โ
A ceux qui ne parviennent pas ร croire que Jรฉsus รฉtait vraiment homme et avait de lโhomme lโattachement ร la vie et lโhorreur de la mort, ce cri est la rรฉponse qui dit :
ยซย Celui-ci avait une vraie chair.ย ยป
ยซย Non pas ma volontรฉ, Pรจre, mais que ta volontรฉ soit faite.ย ยป
A ceux qui ne parviennent pas ร croire que Jรฉsus รฉtait vraiment Dieu, et que de dieu il avait les perfections, ce cri est la rรฉponse qui dit :
ยซย Celui-ci รฉtait vraiment Dieu.ย ยป
A ceux qui ne parviennent pas ร croire que tu puisses รชtre le ยซย porte-paroleย ยป, la faรงon dont tu vis, dont tu souffres, dont tu meurs aprรจs avoir bu toutes les amertumes en disant โ que ta volontรฉ soit faite โ, est la rรฉponse qui dit que tu es bien le ยซย porte-paroleย ยป, celui que Dieu a pris en raison dโun insondable mystรจre qui ne sera connu quโau ciel, pour faire de toi lโinstrument dโune ลuvre de grande misรฉricorde.
Pleure avec lui, avec ton Maรฎtre souffrant :
ยซย Libรจre-moi des peuples furieux !ย ยป
et professe :
ยซย Toi seul, tu peux mโexalter et me sauver au-dessus des adversaires et des injustes qui ne te connaissent pas, et qui me haรฏssent ร cause ton nom qui brille sur mes actions.ย ยป
Pleure avec lui ton grand abandon :
ยซย Beaucoup mโont tourmentรฉ dรจs ma jeunesse.ย ยป
Oui. Tu es venue ร lui ร travers bien des luttes et des tourments, et tu as รฉtรฉ martyre ร cause de ta fidรฉlitรฉ ร son appel. Mais ยซย ils nโont pu te vaincreย ยป, parce que, par-dessus toute autre voix, tu suivais celle de ton Jรฉsus.
Maintenant que tu es ร ses pieds, que tu es son instrument, il est naturel que les ennemis de la vรฉritรฉ bรขtissent sur ton dos un รฉdifice de calomnies pour tโรฉcraser. Les โ autres Christ โ ont en commun la passion et la crucifixion, mais ils ont aussi en commun la rรฉsurrection. Et si les hommes enferment la voix de dieu dans les sรฉpulcres, croyant ainsi lโenterrer pour toujours, les forces de la nature, obรฉissantes ร dieu, secouent les inutiles fermetures, et les pierres proclament dieu triomphateur en lui-mรชme et dans ses serviteurs en sโouvrant, en laissant sortir des parfums et la lumiรจre des viscรจres fermรฉes oรน le juste ne se dรฉcompose pas, mais repose pour resurgir plus fort et plus beau.
En attendant cette heure, ร ceux qui veulent tโaccuser ou te faire peur par des doutes, forte de la sincรฉritรฉ de tes ลuvres, tu dois rรฉpondre avec ton Maรฎtre :
ยซย Qui de vous me convaincra de pรฉchรฉ ?ย ยป
Et ร qui voudrait tโexalter et ainsi te dรฉtruire par lโorgueil comme les premiers lโont voulu par le dรฉcouragement, rรฉponds :
ยซย Je ne cherche pas ma gloire, car mon Pรจre en prend soin. La gloire que je me donnerais ร moi-mรชme ou que vous voulez me donner ne vaut rien. En revanche celle que Dieu me donnera avec sa paix รฉternelle, pour lโhonneur que je lui ai rendu, cette gloire existe.ย ยป
Sois en paix. Tu auras la Vie par sa Parole, par son sacrement dโamour, par son sacrifice de la croix et par le tien en ยซย victimeย ยป.
ยซย Bรฉnissons le seigneur. ยป
ยซย Grรขces soient rendues ร dieu.ย ยป
ยซ Gloire au Pรจre, et au Fils, et au saint Esprit. ยป
nos derniรจres vidรฉos