08 – Le 14 avril 1946 : Dimanche des Rameaux : Jรฉsus-Christ est lโ€™Homme nรฉ dโ€™une volontรฉ divine. | Le Livre d’Azarias โ€” Maria Valtorta

Azarias dit :

ยซ La lecture qui prรฉcรจde la bรฉnรฉdiction des rameaux ne fait pas partie de la sainte messe, mais fait partie de la liturgie dโ€™aujourdโ€™hui.

Un jour, au dรฉbut de lโ€™instruction que tu reรงois du trรจs saint seigneur Jรฉsus, il tโ€™a dit :

ยซย Dans les pages du Livre, dans lโ€™histoire de mon peuple, les รฉvรฉnements du futur se dissimulent sous des figures et des faits.ย ยป

On applique gรฉnรฉralement aux soixante-dix palmiers de lโ€™oasis dโ€™Elim la figure des rameaux dโ€™aujourdโ€™hui. Mais mon Seigneur mโ€™accorde de tโ€™instruire sur la vraie figure de cette lecture.

Le peuple dโ€™Israรซl, aprรจs les temps saints des patriarches, que lโ€™on pourrait comparer ร  des terres fertiles riches de toutes sortes de biens, sโ€™รฉtait corrompu, devenant ยซ dรฉsert fertileย ยป oรน seulement de rares oasis et dโ€™encore plus rares fontaines montraient que tout nโ€™รฉtait pas mort ; comme un rappel de pitiรฉ cรฉleste elles attiraient les รขmes perdues, mais de bonne volontรฉ, auprรจs des esprits solitaires des justes dโ€™Israรซl. Les patriarches, les juges et les prophรจtes, les grands rois dโ€™Israรซl, les Maccabรฉes, Judith, Esther, Joรซl, Tobie, nรฉhรฉmie, les saints, voilร  les palmiers et les fontaines au milieu de la conscience aride et dรฉsolรฉe dโ€™Israรซl qui, ingrat, sโ€™รฉloignait de son bienfaiteur en en oubliant les bienfaits.

Celui qui avait donnรฉ ร  son peuple cette terre dรฉjร  promise, dont la beautรฉ surpassait toute espรฉrance des patriarches, retrouva son bien dans ce triste รฉtat. Cโ€™est ainsi que la trouva le Christ quand il descendit pour accomplir la seconde partie des grandes promesses faites ร  Abraham, cโ€™est-ร -dire ; quโ€™aprรจs lui avoir donnรฉ, ainsi quโ€™ร  sa descendance, la terre vue en vision et une postรฉritรฉ plus nombreuse que les รฉtoiles, il restait la grande promesse de lui donner le Messie nรฉ du sein dโ€™une fille dโ€™Abraham pour racheter le monde.

Au peuple mourant dans lโ€™ariditรฉ du dรฉsert, le Christ donna lโ€™oasis avec douze sources et soixante-dix palmiers, pour quโ€™il trouve soulagement, nourriture et puisse camper dans lโ€™oasis du sauveur.

Voici le vรฉritable don de Jรฉsus : ses douze apรดtres quโ€™il a laissรฉs pour le perpรฉtuer dans le magistรจre afin de donner aux รขmes lโ€™eau vive des paroles divines, et lโ€™aliment contenu dans les sacrements. Un autre vรฉritable don du trรจs saint Jรฉsus, cโ€™est lโ€™ensemble des soixante-douze disciples, assistants des apรดtres, qui furent avec eux le noyau initial de lโ€™ร‰glise apostolique, lโ€™oasis autour de laquelle les foules des croyants sont venues en toujours plus grand nombre, lโ€™oasis qui sโ€™est rรฉpandue en fertilisant le sol, victorieuse du dรฉsert, jusquโ€™ร  รฉlever ses glorieux rameaux en tout point de la terre. Lโ€™oasis qui restaure, lโ€™oasis qui sauve.

Vois donc cette vรฉritรฉ dans la premiรจre partie de ce passage de lโ€™Exode, et ne sois jamais semblable au peuple qui, si proche des sources et des palmiers dโ€™Elim, murmura contre ce don de notre seigneur Jรฉsus.

La seconde figure, cโ€™est le Pain du Ciel, la manne que lโ€™homme ne pouvait imaginer ni exiger, que lโ€™homme ne pouvait se donner ร  lui-mรชme, mais que le seigneur รฉternel prodigue ร  ses fils pour quโ€™ils ne meurent pas de faim, la manne douce, blanche, donnรฉe de maniรจre ร  ce quโ€™il y en ait pour tous ceux qui veulent sโ€™en nourrir, pour tous les jours. Seule la rรฉbellion aux commandements de dieu, les infractions ร  la Loi, font que, dโ€™aliment saint, donateur de vie, cette manne devient corruption. Non par elle-mรชme puisquโ€™elle nโ€™est ni corrompue ni corruptible, tout comme celui que mรชme la mort nโ€™a pas pu corrompre et qui est cette manne mรชme, avec son corps et son sang, รขme et divinitรฉ, exactement comme il lโ€™รฉtait durant ses jours sur la terre. Mais elle devient corruption quand elle est reรงue en รฉtat de pรฉchรฉ, parce quโ€™est maudit celui qui sโ€™en nourrit dans un esprit de Judas, ennemi de lโ€™obรฉissance et de la justice.

Rรฉflรฉchissez ร  la parole de Dieu :

ยซ Cโ€™est ainsi que je vรฉrifie sโ€™il chemine ou non selon ma Loi.ย ยป

En effet, celui qui, bien que se nourrissant de la trรจs sainte Eucharistie, cet aliment qui nโ€™est pas donnรฉ aux anges eux-mรชmes mais que lโ€™infini Amour donne aux hommes, ne se sanctifie pas, mais reste ce quโ€™il รฉtait ou rรฉgresse dans le pire, prouve quโ€™il ne chemine pas selon la Loi, parce que son รขme est obstinรฉe dans la faute plus ou moins grave. Que cet aliment ne parvienne pas ร  le transformer, ร  le sanctifier, cโ€™est la preuve de son obstination. Eucharistie et bonne volontรฉ rรฉunies โ€” Eucharistie, cโ€™est-ร -dire amour de dieu, et bonne volontรฉ, cโ€™est-ร -dire amour de lโ€™homme โ€” ne peuvent produire que saintetรฉ. La bonne volontรฉ libรจre le terrain de tout ce qui pourrait rendre stรฉrile la semence trรจs sainte qui fait germer la vie รฉternelle. La bonne volontรฉ dรฉpose sur lโ€™autel tout ce qui sert ร  consumer lโ€™holocauste : cโ€™est-ร -dire tout ce que le feu eucharistique peut embraser, brรปlant lโ€™homme matรฉriel pour en allumer lโ€™esprit, le purifier, le rendre agile comme une flamme, tendu vers le ciel, en ascension avec ses lumiรจres et ses parfums, pour sโ€™unir au feu qui lโ€™a allumรฉ : feu avec feu pour une union dโ€™amour.

Mais quand manque la bonne volontรฉ et que lโ€™on trouve la dรฉsobรฉissance, cโ€™est-ร -dire lโ€™รฉtat de pรฉchรฉ, que peut lโ€™Eucharistie ? rien de plus que ce que pouvait la manne recueillie de faรงon contraire ร  ce quโ€™avait commandรฉ dieu. En celui qui la reรงoit, son action reste inerte et son effet nocif. Je parle certes des vrais sacrilรจges, mais aussi des tiรจdes et des orgueilleux qui sโ€™en nourrissent en disant presque :

ยซ Nous sommes ceux qui ont cette bienveillance envers dieu, nous qui accomplissons cette coutume.ย ยป

ยซ Quโ€™au sixiรจme jour ils prรฉparent ce quโ€™ils auront recueilli, et que ce soit le double de ce quโ€™ils avaient coutume de recueillir chaque jour.ย ยป

Quel grand conseil eucharistique !

Le sixiรจme jour, cโ€™est-ร -dire la veille du jour du seigneur โ€” chaque jour oรน lโ€™on se prรฉsente ร  la table eucharistique est jour du seigneur pour lโ€™รขme โ€” les รขmes doivent prรฉparer ce quโ€™elles ont habituellement : ferveur, repentir, bonnes rรฉsolutions pour aller dignement et utilement recevoir le Pain du Ciel. Heureux ceux qui font cela. Trรจs heureux ceux pour lesquels chaque jour est veille du jour du seigneur, qui se maintiennent en prรฉparation perpรฉtuelle pour la rencontre admirable, sanctifiante, vitale et parcourent ainsi leur vie. Parvenus ร  la veille du jour de leur repos, leur mort en grรขce de dieu, ils sโ€™entendront rรฉconforter dans leur agonie par les prรชtres de dieu, par la voie du cล“ur, par leur ange gardien, par ces mots :

ยซ Ce soir (la mort est le soir) vous saurez que le seigneur est celui qui vous a tirรฉs de la terre dโ€™ร‰gypte (cโ€™est-ร -dire de la vie terrestre qui est exil et douleur). Et demain (cโ€™est-ร -dire au-delร  de la mort) vous verrez la gloire du seigneur ยป,

ย cโ€™est-ร -dire le ciel, votre demeure de saints pour lโ€™รฉternitรฉ.

Voilร  ce que doit te dire la lecture de la bรฉnรฉdiction des rameaux. Maintenant, mรฉditons la sainte messe.

Supplie avec ton vrai et parfait Maรฎtre. Vraiment, tu es coulรฉe dans sa forme, comme un mรฉtal fondu par la chaleur, tu es si passionnรฉe que tu prends sa ressemblance. Ton humanitรฉ sโ€™est fondue au feu de la charitรฉ, ton esprit sโ€™est rendu mallรฉable pour pouvoir รชtre remodelรฉ et, heure par heure, le signe de ton bien-aimรฉ Jรฉsus passionnรฉ sโ€™imprime en toi. Ses dรฉsirs sont les tiens, ses douleurs sont tiennes, tiennes encore ses solitudes, ses constatations amรจres de ce que sont les hommes, tiennes ses dรฉsolations de se voir incompris, repoussรฉ, tournรฉ en dรฉrision, tiens ses gรฉmissements et ses priรจres au Pรจre.

Semaine sainte, semaine douloureuse. Sois toujours reconnaissante ร  ton Seigneur de tโ€™avoir fait connaรฎtre quelques-unes des mille sept cent trente-sept semaines quโ€™il vรฉcut dans le monde ; parmi elles, tu as vu les plus prรฉcieuses jusquโ€™ร  la semaine sainte oรน il atteint sa perfection dโ€™homme sujet ร  la douleur. Vois en ce don sa plus belle preuve dโ€™amour. Ne te demande pas :

ยซ quelle torture mโ€™amรจne cette preuve dโ€™amour ? quel calice devrai-je boire entre le jeudi et le vendredi ? quelle agonie ? quelle mort ? quel dรฉsespoir ? quelle trahison ? ยป

Ne te le demande pas. Abandonne-toi ร  ton Pรจre. Une heure te sera รฉpargnรฉe : celle de lโ€™abandon de dieu. Tu lโ€™as dรฉjร  vรฉcue quand cโ€™รฉtait nรฉcessaire pour secourir les รขmes portรฉes au dรฉsespoir, leur rendre le ciel et les rendre au ciel, et lโ€™on ne vit pas deux fois cette torture.

Le Pรจre รฉternel et saint ne repoussera plus sa petite ยซ voix ยป, tu peux donc crier vers lui et รชtre certaine dโ€™รชtre entendue :

ยซ oh ! seigneur, ne retiens pas ton secours loin de moi, viens vite me dรฉfendre, libรจre-moi de la gueule du lion, moi qui suis si faible, libรจre-moi de la corne du buffle. ยป

En ces jours, il a dรฉjร  exaucรฉ une de tes priรจres. Mais persรฉvรจre dans ce but car il y a encore beaucoup ร  faire pour cette รขme. Et il y a encore plus ร  faire pour toi qui vois rรฉellement grande ouverte lโ€™horrible bouche qui voudrait te dรฉvorer comme porte-parole, tu vois pointรฉes les menaรงantes cornes du buffle diabolique qui voudrait te jeter ร  terre pour effacer lโ€™ล“uvre de dieu. Tu nโ€™es pas mรชme dรฉfendue par qui en a le devoir envers toi, en tant que prochain, fidรจle et instrument. Comme ton Maรฎtre tu connais la fuite des apรดtres et des amis au moment oรน se dรฉchaรฎnait la tempรชte sur lโ€™Innocent, lโ€™รฉgoรฏste pensรฉe de lโ€™homme dans les cas similaires : ยซ que je me sauve !ย ยป, et lโ€™abandon sans hรฉroรฏsme ni justice de lโ€™innocent vulnรฉrable ร  ses accusateurs.

Cependant, Dieu est bien prรฉsent, mรชme sโ€™il paraรฎt absent. Il juge et mesure. Dieu dรฉfend et, je le rรฉpรจte encore une fois, lโ€™injustice humaine ne prรฉvaudra pas sur la justice divine.

ยซ Mon dieu, regarde-moi ! Pourquoi mโ€™as-tu abandonnรฉe ?ย ยป

Oui. Cโ€™est la plainte de lโ€™รขme aux heures de tรฉnรจbres. Mais dieu ne condamne pas cette plainte qui nโ€™est en rien lโ€™aveu que lโ€™on dรฉsespรจre de dieu. Sinon, le trรจs saint Verbe ne lโ€™aurait pas criรฉe ร  Gethsรฉmani et sur la croix. Dans sa lamentation, qui peut paraรฎtre aux superficiels รชtre un reproche adressรฉ ร  dieu ou du dรฉsespoir, il y a au contraire la foi : foi en son aide, en sa prรฉsence, en sa justice, mรชme si les forces du mal, dans leur bref instant de triomphe, semblent tout nier et ainsi amener lโ€™รขme ร  trembler comme un coupable devant le Juge parfait.

Les forces du mal jettent lโ€™anathรจme sur les innocents et les accusent de dรฉlits pour les รฉcraser jusque dans lโ€™esprit et ยซ les รฉloigner du salut ยซ.

Oh ! Mon รขme, mรชme si tu รฉtais accusรฉe de pรฉchรฉ, รด victime expiatrice et rรฉdemptrice pour les pรฉchรฉs des hommes, victime qui sโ€™offre pour continuer lโ€™ล“uvre du rรฉdempteur Jรฉsus, chargรฉe dโ€™accusations de pรฉchรฉs comme lโ€™รฉtait le Christ en ces heures terribles, pense alors que cโ€™est un poids extรฉrieur, un vรชtement externe. Toutes ces choses qui te feraient chasser du banquet de dieu ne sont pas une faute de lโ€™esprit, ce nโ€™est pas une lรจpre de ton esprit, ce nโ€™est pas un vรชtement immonde sur lui ; il sโ€™agit seulement des glorieuses blessures de ton รขme victime ; ces blessures te sont un ornement, non pas une honte. Lโ€™apรดtre angรฉlique a dit quels sont ceux qui se tiennent devant le trรดne de dieu et de lโ€™Agneau :

ยซ Ceux-lร  sont ceux qui viennent de la grande tribulation et ont lavรฉ et blanchi leur vรชtement dans le sang de lโ€™Agneau.ย ยป

Ces vรชtements blanchis par la douleur des douleurs, par la Victime des victimes et par la grande tribulation des vrais fidรจles, des ยซ victimesย ยป, des martyrisรฉs pour รชtre corรฉdempteurs, ces vรชtements sont ornรฉs de ces pierres prรฉcieuses que sont vos souffrances et les accusations injustes.

Ne crains pas, mon รขme. Ne te plains pas si tu es humiliรฉe et crucifiรฉe. Lโ€™oraison le dit : pour sโ€™รชtre humiliรฉ dans une chair mortelle et pour sโ€™รชtre soumis ร  la mort de la croix, le Verbe devint sauveur. Toi, petite voix, hostie volontaire, unis-toi, et plus encore, dรฉpasse la requรชte de lโ€™oraison en demandant non seulement de mรฉriter dโ€™accueillir les enseignements et les fruits du sacrifice vital et mortel du Christ, mais aussi dโ€™รชtre comme lui et avec lui humiliรฉe et crucifiรฉe pour sauver un grand nombre dโ€™รขmes.

Sauver est plus grand quโ€™รชtre sauvรฉ.

Cโ€™est lโ€™affirmation que le petit sauveur est dรฉjร  un sauvรฉ, parce que lร  seulement oรน vit dieu dans la plรฉnitude de ses grรขces se trouve la vertu hรฉroรฏque ; lโ€™amour de la croix, de la douleur, de lโ€™holocauste par amour du grand amour de ย ยซ Celui qui donne sa vie pour ses frรจresย ยป , cโ€™est la vertu hรฉroรฏque.

Sauver signifie รชtre un ยซ autre Christย ยป. Par la patience tu parviendras ร  la gloire et ร  la rรฉsurrection au ciel, en dieu, pour toujours, aprรจs cette mort quโ€™est la vie sur terre.

Lisons saint Paul :

ยซ Ayez en vous les mรชmes sentiments que Jรฉsus Christ.ย ยป

Voilร  le modรจle. Paul ne dit pas de tel ou tel saint. Il vous dit : de Jรฉsus Christ.

Le Christ a dit :

ยซ Soyez parfaits comme mon Pรจre qui est dans les cieux.ย ยป

Il est รฉvident, mรชme pour une rรฉflexion humaine et droite, que, mรชme si le Christ nโ€™avait รฉtรฉ quโ€™un grand prophรจte, il se serait efforcรฉ le premier dโ€™atteindre la perfection du Pรจre, selon ce quโ€™il enseignait. Or, en vรฉritรฉ,

Jรฉsus est le miroir de la perfection cรฉleste du dieu trine.

Il nโ€™y eut pas le moindre manquement en lui en trente annรฉes de vie, si bien que la vรฉritรฉ, vivante sous forme mortelle, put dire :

ยซ Qui de vous peut me convaincre de pรฉchรฉ ?ย ยป

et, au seuil de la mort, en cette heure oรน mรชme lโ€™homme commun ne ment pas car seul celui qui sโ€™est fait serviteur du mensonge peut soutenir le mensonge ร  ce moment, Jรฉsus rรฉpรฉta devant le grand prรชtre :

ยซ Jโ€™ai parlรฉ ร  la face de tous et je nโ€™ai rien dit dans le secret. Pourquoi mโ€™interroges-tu ? Interroge ceux qui mโ€™ont entendu sur ce que je leur ai dit.ย ยป

Oh ! Heureux ceux qui peuvent redire ces mots ร  leurs accusateurs sans rougir, sรปrs de nโ€™avoir rien fait de rรฉprรฉhensible ! Heureux ! Trรจs heureux ! Tuรฉs, mais pas dรฉmentis par les faits, ceux-lร  montent ร  Dieu dรฉjร  couronnรฉs et si, avec le temps, les hommes changent leur jugement sur ceux quโ€™ils ont autrefois condamnรฉs, ce nโ€™est certes pas eux qui รฉlรจvent la couronne de la terre tรฉnรฉbreuse pour la mettre sur la tรชte du bienheureux : la vraie couronne, en effet, descend; par son รฉclat qui nโ€™est pas terrestre, elle parle et fait trembler ceux qui levรจrent la main et ouvrirent la bouche contre celui que dieu aimait et qui aimait dieu et le servait parfaitement.

ยซ Ayez en vous les mรชmes sentiments qui sont dans le Christ Jรฉsus qui, ayant la condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui lโ€™รฉgalait ร  dieu, sans cependant considรฉrer que ce fut pour lui une usurpation de sโ€™รฉgaler ร  dieu.ย ยป

Pour รชtre nรฉ de Marie, Jรฉsus nโ€™en รฉtait pas moins dieu que quand il รฉtait le Verbe au ciel. La chair nโ€™a pas annulรฉ la divinitรฉ dans le Christ. Vrai dieu et vrai homme, il eut, non pas une, mais deux perfections en lui : celle de sa nature divine, voilรฉe mais pas diminuรฉe par la chair, et celle de la nature humaine dโ€™Adam portรฉe de nouveau et mรชme trรจs perfectionnรฉe, parce que, au don dโ€™une nature humaine parfaite, don gratuit fait ร  Adam, il avait uni la volontรฉ propre de perfectionner la nature humaine. Le Premier-nรฉ dโ€™entre les morts a voulu racheter lโ€™homme dรฉchu non seulement par son sang, mais en portant lโ€™humanitรฉ, autrefois parfaite puis dรฉchue, ร  une perfection par laquelle lโ€™enfer et les blasphรฉmateurs de la vรฉritรฉ seraient vaincus, confondus.

Baissez le front, hommes qui voulez expliquer lโ€™inexplicable par la pauvre science crรฉรฉe par vous, obscure et dรฉpourvue de lumiรจres et de guides surnaturels. Anรฉantissez-vous, vous qui ne savez que dรฉcouvrir lโ€™erreur, le nocif. Vous รชtes vaincus.

Jรฉsus-Christ, lโ€™Homme, par la splendeur de son humanitรฉ, dรฉtruit vos axiomes, annule vos calculs, vous rรฉvรจle pour ce que vous รชtes : des orgueilleux dรฉlirants qui mesurez dieu ร  lโ€™aune de votre petitesse, si vous admettez dieu, et si vous ne lโ€™admettez pas, en dรฉlirant sur dโ€™impossibles autocrรฉations de la matiรจre, sur dโ€™avilissantes et impossibles descendances.

Jรฉsus-Christ est lโ€™Homme. Et il nโ€™y a pas de philosophe, ni de fou fondateur de religions sacrilรจges qui puisse crรฉer un surhomme qui le soit davantage que lโ€™Homme qui nโ€™est pas nรฉ dโ€™une volontรฉ charnelle, mais dโ€™une volontรฉ divine.

 

Et cet รชtre parfait, en qui รฉtaient la plรฉnitude de la divinitรฉ et la plรฉnitude de lโ€™Humanitรฉ sainte, ne considรฉra pas que par la premiรจre il aurait pu abuser de son pouvoir en faveur de la secondeโ€ฆ

ยซ Mais il sโ€™anรฉantit lui-mรชme, prenant la condition de serviteur, et devenant semblable aux hommes, reconnu pour un homme ร  son aspect, il sโ€™humilia lui-mรชme se faisant obรฉissant jusquโ€™ร  la mort, et la mort de la croix.ย ยป

Voilร , chรจres voix, chรจres victimes, oรน vous devez parvenir, pour que dieu brille plus fortement en vous. Lโ€™honneur donne de lโ€™importance ร  la charge. Le fait dโ€™รชtre des instruments extraordinaires ne doit pas vous donner lโ€™orgueil et la prรฉtention de jouir de bรฉnรฉfices matรฉriels, ni de prรฉtentions dโ€™immunitรฉs aux douleurs, aux offenses, aux calomnies, aux accusations injustes, aux mรฉpris, aux abandons, en somme de toutes ces choses dont pรขtit Jรฉsus, lโ€™Homme-dieu. Au contraire, vous devez vous considรฉrer plus que payรฉes de tous vos sacrifices par les dons extraordinaires que Dieu vous accorde et par lโ€™acceptation de ces sacrifices โ€” parce quโ€™il nโ€™y a pas dโ€™honneur plus grand que celui dโ€™รชtre jugรฉs dignes dโ€™รชtre ยซ hosties ยซ โ€”, et vous perfectionner en humilitรฉ et en obรฉissance, en obรฉissance hรฉroรฏque jusquโ€™ร  la mort, et la mort de la croix.

Mais รฉcoutez ce que saint Paul dit pour finir :

ยซ Cโ€™est pourquoi Dieu lโ€™a รฉlevรฉ et lui a donnรฉ un nom qui est au-dessus de tout nom, afin quโ€™au nom de Jรฉsus tout genou flรฉchisse dans les cieux, sur terre et aux enfers, et que toute langue confesse que le seigneur Jรฉsus-Christ est dans la gloire de dieu son Pรจre.ย ยป

Oh ! ne craignez pas, chรจres รขmes victimes et voix, il vous sera donnรฉ par dieu, dans de justes proportions, un nom qui est au-dessus de celui que vous ont donnรฉ les hommes, un nom dรฉjร  inscrit au ciel. Un jour viendra oรน, au moins pour lโ€™espace dโ€™un temps, tout genou dโ€™homme, qui nโ€™aura pas mรฉritรฉ dโ€™รชtre ร  la droite du seigneur et Juge, devra se plier devant ceux qui auront triomphรฉ. Alors votre nom sera connu, et alors plus dโ€™un de ceux qui vous jugent faussement changera de couleur devant la vรฉritรฉ. Ces genoux se plieront, non pour vous faire spontanรฉment honneur, mais parce quโ€™ils seront brisรฉs par les splendeurs qui รฉmaneront du Christ Juge et de ses saints en produisant une aveuglante mer de lumiรจre tout รฉcrite des paroles de Vรฉritรฉ, avec les noms des vรฉritรฉs. La Vรฉritรฉ sรฉparera pour toujours les aveugles volontaires des croyants pleins de bonne volontรฉ, et la Lumiรจre sโ€™รฉtablira dans la gloire avec ses รฉlus, tandis que les tรฉnรจbres engloutiront les tรฉnรจbres. On entendra dans lโ€™Abรฎme le hurlement dโ€™angoisse et de reconnaissance dรฉsespรฉrรฉe de ceux qui nโ€™ont pas su connaรฎtre Dieu, reconnaรฎtre Dieu dans ses serviteurs, et dieu dans les ล“uvres de ces mรชmes serviteurs. Rรฉverbรฉration du nom de Jรฉsus inscrit sur le front des saints ! Flรจches de lumiรจre jaillies pour foudroyer les cent quarante-quatre mille fois cent quarante-quatre mille coupables qui nieront dieu dans ses crรฉatures de prรฉdilection et les tortureront par leurs nรฉgations !

Cela mรฉrite de souffrir la croix pour voir cette heure, ma chรจre รขme. Mets ta main droite dans la main droite de lโ€™Agneau qui monte ร  son Calvaire, et laisse-toi conduire selon son grรฉ pour รชtre accueillie ensuite avec honneur lร  oรน ceux qui sont marquรฉs du nom de Jรฉsus attendent le rassemblement triomphal.

Que le seigneur est bon avec ceux qui ont le cล“ur droit ! quโ€™il est bon ! Mais sois vigilante et veille ร  ce que tes pas ne sโ€™รฉgarent pas et que ton cล“ur ne se risque pas ร  murmurer contre la justice en voyant le triomphe momentanรฉ des pรฉcheurs.

Le Christ lui-mรชme le vit et pleura en disant :

ยซ Je crie vers toi et tu ne mโ€™รฉcoutes pas. En cette heure-ci, je suis ver, non pas homme, lโ€™opprobre des hommes et le rebut de la populace. Tous ceux qui mโ€™ont vu mโ€™ont insultรฉ ; le mรฉpris sur les lรจvres, ils ont secouรฉ la tรชte en disant :

 

โ€˜ Il a mis son espoir en Dieu, quโ€™il le dรฉlivre, quโ€™il le sauve sโ€™il est vrai quโ€™il lโ€™aime.โ€™

 

Et ils me dรฉpouillent aprรจs mโ€™avoir mรฉprisรฉ, ils se partagent mes habits, et tirent au sort ma vรฉritรฉ comme si cโ€™รฉtait un objet de pari ! โ€ฆย ยป

Oh ! sainte pudeur du Christ, non seulement pour le voile de la chair restรฉe sans voile, mais aussi pour la vรฉritรฉ malmenรฉe, tournรฉe en dรฉrision, altรฉrรฉe pour la rendre ridicule et sacrilรจge comme lโ€™ล“uvre dโ€™un fou ou dโ€™un dรฉmon.

Cโ€™est bien lร  votre torture, instruments extraordinaires crucifiรฉs. Votre torture ! Vous attendez que quelquโ€™un รฉprouve respect et compassion, et vous ne trouvez personne pour vous consoler. Vous demandez de la charitรฉ et ils vous donnent du fiel. Vous sollicitez le soulagement dโ€™une parole fraternelle, dโ€™une sainte comprรฉhension, et ils vous donnent du vinaigre pour aiguiser la douleur de vos blessures.

Prosterne-toi et prie avec ton ange gardien :

ยซ Pรจre, si ce calice ne peut sโ€™รฉloigner de moi sans que je le boive, que ta volontรฉ soit faite.ย ยป

Grande parole que beaucoup, qui sont sรฉvรจres pour leurs frรจres, ne savent pas dire ร  propos de ce qui les concerne. Mais toi, dis-le, pour plier le seigneur ร  lโ€™accomplissement de tes justes dรฉsirs.

ยซ Bรฉnissons le seigneur !ย ยป

ยซ Grรขces soient rendues ร  dieu.ย ยป

ยซ Gloire au Pรจre, et au Fils, et au saint Esprit.ย ยป

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